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FLASH SPÉCIAL 19 sept. 2012
La disparition de Geneviève Laroque
©  Jenane Wahby - EHPA Presse
Nous venons tout juste d’apprendre le décès, aujourd’hui même, de Geneviève Laroque.

Un sentiment de profonde tristesse nous a saisi à l’annonce de cette nouvelle, comme elle va frapper évidemment toutes celles et tous ceux qui ont connu et côtoyé, au cours des dernières décennies, cette femme d’exception.

Geneviève Laroque aura été depuis 30 ans la « papesse » de la gérontologie. Elle aura été de tous les combats, de toutes les réflexions, de tous les débats.

Elle aura été une « énarque » comme on n’en fera plus jamais. Elle aura passé son temps à combattre les idées reçues, à bousculer les évidences, à flairer les évolutions à venir. Elle aura fait avancer la cause des vieux en rédigeant maints rapports essentiels, en intervenant de façon tonitruante dans les colloques ou encore en présidant la Fondation nationale de gérontologie. Sur le site de la FNG, d'ailleurs, elle se définissait elle-même comme « plutôt ronde, antérieurement rousse devenue blanche, mère, grand-mère, arrière-grand-mère, technocrate sensible… »

Avec Maurice Bonnet, disparu aussi cette année, elle aura symbolisé la lutte de celles et ceux qui se battent pour que la vieillesse sorte de l’indifférence dans laquelle la pousse la société.

Cette femme a passé l’ENA en 1963, alors qu’elle était déjà mère de trois enfants. A la même époque, son cousin, Pierre Laroque, le fondateur de la Sécurité sociale, publiait un rapport qui refonda en profondeur les politiques vieillesse dans notre pays. Geneviève, elle, va suivre sa trace.

Elle sera directrice déléguée de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris en charge des longs séjours. Là, elle participera au vaste mouvement d’humanisation des hospices. Puis, Inspectrice générale des affaires sociales, elle publiera plusieurs rapports notables sur les soins palliatifs dès 1985, sur les personnes âgées dépendantes en 1989, sur le vieillissement des personnes handicapées en 1995. Elle sera également très active dans la dénonciation du phénomène de sur-psychiatrisation des personnes âgées.

En 1991, elle devient présidente de la Fondation nationale de gérontologie, fonction qui l’amènera à booster la recherche française dans ce domaine, mais qui la conduira également à épouser tous les combats qu’ont mené les professionnels et les associations depuis 20 ans en faveur d’une meilleure prise en charge des personnes en perte d’autonomie.

Depuis plusieurs mois, la maladie s’était inscrite sur son corps. Mais elle a gardé, jusqu’au bout, une acuité intellectuelle et une capacité d’indignation intactes.

Le Mensuel des Maisons de Retraite perd une complice de toujours. Et moi une amie et un exemple.

A « Gino » pour toujours,

Luc BROUSSY
directeur de la publication du Mensuel des Maisons de Retraite