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MARS 2016
 
 
 

Le mois dernier, nous vous évoquions la question des règles d’urbanisme, qui doivent nécessairement être à cette forme de logement un peu particulière qu’est la résidence seniors. Comment les maires se positionnent-ils par rapport à cette problématique ? Nous sommes allés poser la question à un élu qui a fait confiance à un promoteur-exploitant pour assurer la continuité d’une résidence pour personnes âgées tombée en désuétude dans sa commune.

Son verdict ? Les résidences seniors sont venues combler un trou dans l’offre locale de logements réservés aux seniors. Les résidences seniors apportent donc une réelle valeur ajoutée, à condition, comme le rappelle Blandine Calcio-Gaudino de la Caisse des Dépôts, que ces résidences ne fassent pas le choix de sacrifier du personnel et des services au profit de la technologie. Cela vaut pour les résidences seniors comme pour les Ehpad et les logements-foyers : c’est l’humain qui prime avant tout.

Petit à petit, donc, les résidences seniors font leur apparition dans les villes et suscitent l’intérêt des investisseurs, au-delà des particuliers qui ont jusqu’ici porté le développement de ce secteur. Des caisses de retraite, des mutuelles ou des sociétés d’investissement immobilier cherchent à diversifier leur portefeuille et sont à la recherche de « belles » localisations, y compris au cœur des grandes agglomérations. Cette évolution va donc accompagner et soutenir le retour des seniors en centre-bourg ou en centre-ville… Voilà de quoi réjouir les élus locaux !

 
 
 
 

 
« Il manquait un échelon dans le parcours résidentiel des seniors »
En 2012, Les Senioriales ouvraient un village seniors à Rambouillet (78). La même année, Les Jardins d’Arcadie inauguraient une résidence seniors dans la même commune. Avec quelques années de recul, le maire (LR) de la commune Marc Robert nous explique pourquoi l’ouverture de cette résidence était importante.
Marc Robert, maire de Rambouillet
La Lettre des Résidences Seniors : Dans quel contexte a eu lieu l’ouverture de la résidence des Jardins d’Arcadie ?

Marc Robert : La commune de Rambouillet compte deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et plusieurs résidences autonomie (ex-logements-foyers) qui dépendent du centre communal d’action sociale (CCAS). Lorsque Les Sapins Bleus, une résidence non médicalisée du centre-ville, a fermé ses portes, il nous est apparu clairement qu’il manquait un échelon dans le parcours résidentiel des seniors. C’est à ce moment-là que Les Jardins d’Arcadie sont arrivés et nous ont proposé leur projet.

La LRS : Ce projet de résidence seniors correspondait-il à une demande de la population ?

M.R. : Incontestablement. Dès le début, nous avons compris qu’il y avait parmi la population âgée une réelle demande de logements réservés à des personnes fragilisées mais encore autonomes. Les résidences seniors constituent une alternative intéressante au maintien à domicile des personnes âgées, notamment dans le parc privé qui n’est pas forcément adapté. De plus, le modèle des résidences seniors est complémentaire avec celui des résidences autonomies. Les attentes des résidents ne sont pas tout à fait les mêmes Nous sommes en présence de deux concepts différents qui ne proposent pas la même palette de services et, par conséquent, ne génèrent pas les mêmes coûts ni les mêmes redevances.

La LRS : Se doter d’un éventail de solutions d’hébergement le plus varié possible fait-il partie de vos préoccupations ?

M.R. : Oui, je crois que tout maire a à cœur de développer un panel de solutions qui soit adapté aux besoins de ses concitoyens. Le vieillissement de la population est une dimension importante de notre plan local d’urbanisme (PLU). Ainsi, dès que nous avons su que Les Sapins Bleus allaient fermer, nous avons fléché cet emplacement vers une destination « seniors ».

La LRS : La résidence Les Jardins d’Arcadie a-t-elle tissé des liens avec la commune ?

M.R. : La directrice de la résidence est très active et met un point d’honneur à faire participer les résidents – j’allais dire les résidentes, car il y a une majorité de femmes – à la vie de la commune. Elle organise par exemple des visites avec des assistantes maternelles, afin que les tout-petits puissent partager un moment avec les aînés. Les résidents participent également aux différentes fêtes communales comme la Fête du Muguet ou la Fête de la Saint-Lubin, un rendez-vous au cours duquel élus, commerçants, associations et particuliers jouent le jeu de se costumer comme d’antan.

La LRS : Assistera-t-on demain à la naissance de formes d’hébergement hybrides, à mi-chemin entre les résidences seniors et les résidences autonomies ?

M.R. : Il est clair que les collectivités locales doivent faire face à des besoins croissants dans un environnement de plus en plus contraint financièrement. Nous avons à Rambouillet la volonté de continuer à assumer les politiques sociales. Pour autant, ce type d’arbitrage est laissé à la discrétion du maire et dépend de la situation de la commune. On verra peut-être apparaître demain des formes intermédiaires d’habitat. Ce qui est sûr, c’est que les années qui viennent seront dominées par le développement des formes d’habitat collectif pour personnes âgées. La résidence est par ailleurs bien intégrée à la politique gérontologique locale.

 

 
 
Les investisseurs en bloc jouent la carte des résidences seniors
Jusqu’ici, le marché des résidences seniors de nouvelle génération était principalement porté par les investisseurs particuliers. Pourtant, la vente en bloc à des investisseurs institutionnels commence de se développer et présente des avantages pour les deux parties. Alors, que recherchent vraiment les investisseurs en bloc ?
© picsfive - Fotolia
Dans le modèle d’ancienne génération, l’occupant était propriétaire de son logement. Les choses étaient donc relativement simples. Dans le modèle de nouvelle génération, c’est un peu différent puisque le propriétaire est un investisseur. Qui se cache derrière ce terme générique ? La réponse est loin d’être évidente. Car, si le développement des résidences seniors depuis les années 2000 était principalement porté par la vente à la découpe à des investisseurs particuliers, c’est un tout autre mode de commercialisation qui est en train de se développer : la vente en bloc.

Acheter de l’immobilier autrement

La vente en bloc revient à vendre une résidence entière, et non pas un seul logement, à un propriétaire unique qui peut être, selon les cas, une mutuelle, une caisse de retraite complémentaire, un organisme de placement collectif immobilier… Jusqu’ici, les investisseurs institutionnels s’étaient montrés un peu frileux sur le thème des résidences seniors. Les raisons de cette réticence ? Un taux de rendement trop faible au regard des risques encourus. Il est bien plus facile d’investir dans un immeuble de bureaux que dans une résidence seniors où, par définition, tout doit être fait en permanence pour adapter le bâti et les services aux besoins et aux attentes d’un public fragilisé.

La chute des taux d’intérêts a contribué à inverser la tendance et rendre les résidences seniors plus attractives en comparaison avec le logement classique. Pourtant, ce n’est pas le seul facteur qui pousse les investisseurs institutionnels à acheter des résidences seniors en bloc. « C’est une nouvelle classe d’actifs et nous allons certainement assister, au cours des années qui viennent, au développement de cette poche d’actifs diversifiante qui correspond à une nouvelle approche par le parcours de vie. », décrivait un des intervenants lors de la table-ronde organisée par Kurt Salmon en partenariat avec EHPA Conseil et LPA le 10 février. Les investisseurs institutionnels investissent bien dans des crèches. Pourquoi pas dans des résidences seniors ? D’ailleurs, ce type d’investissement leur permet d’acheter de l’immobilier tout en développant l’investissement socialement responsable. Un pari 100% gagnant, donc. D’autant plus que de nombreux facteurs ont contribué à rassurer les investisseurs institutionnels ces derniers temps, comme le développement de la nouvelle génération de résidences seniors ou encore l’inscription de cette forme d’hébergement dans la loi (article 15 de la loi ASV). « La collaboration avec des acteurs majeurs du secteur tels que Domitys leur donne aussi confiance en l’avenir sur le remplissage et le succès dans la durée. », ajoute Guillaume Lelong, directeur Marketing de Domitys.

Du côté des résidences seniors, le rapprochement avec le monde des investisseurs institutionnels comporte aussi plus d’un avantage. La vente en bloc est complémentaire avec les dispositifs de défiscalisation existants – le dispositif LMNP, le Censi-Bouvard et la loi Pinel – et permet d’établir des partenariats stables et pérennes. En outre, la vente en bloc autorise plus de flexibilité. Un exemple ? Il est bien plus aisé de réunir deux T1 pour créer un T2 si la demande d’appartements deux-pièces est plus élevée qu’escompté lorsqu’on a un interlocuteur unique que lorsqu’on a affaire à deux propriétaires particuliers.

Des critères stricts

Quels sont au juste les critères recherchés par ces investisseurs institutionnels ? Tout d’abord, il faut que le projet soit économiquement viable. D’un côté, il faut donc que le promoteur-exploitant assure les conditions de sa propre rentabilité pendant toute la durée du projet. De l’autre, les loyers proposés doivent nécessairement être connectés aux loyers résidentiels de la zone concernée. En quelques mois, Les Senioriales ont ainsi réalisé plusieurs opérations auprès d’investisseurs privés et institutionnels comme à Marseille, à Saint-Etienne ou encore à Saint-Mandé. Le concept de résidence seniors a séduit tant par la qualité de l’emplacement que par l’équilibre économique des programmes. L’élément qui a compté aussi pour les investisseurs est assurément le taux de remplissage des premières résidences Senioriales en Ville : 97 % d’occupation locative en moyenne après seulement huit mois d’exploitation.

Enfin, et cette liste n’est pas exhaustive, l’investisseur institutionnel va s’intéresser à la nature du concept proposé. Un concept avec peu de services n’est pas toujours souhaitable. En effet, les résidents, au fur et à mesure de leur avancée en âge, vont être de plus en plus consommateurs de services. Il faut donc garantir que la résidence apporte aux résidents tout ce dont ils ont besoin pour que ceux-ci puissent rester le plus longtemps possible. Dans le même temps, un concept très qualitatif se traduit en pratique par des espaces collectifs de taille plus importante. Résultat, il faut accepter de sacrifier un peu de rendement en raison des charges foncières pour offrir un maximum de services. C’est cet équilibre difficile à trouver entre offre de services et rendement à long terme qui fait la qualité d’un concept aux yeux des investisseurs.

L’intervention des investisseurs institutionnels sur le marché va sans doute avoir un impact sur la structure du marché. Ce sont les opérateurs les plus solides et les plus pérennes qui tireront leur épingle du jeu. On assistera par ailleurs probablement à l’émergence de modes de commercialisation intermédiaires entre la vente à la découpe et la vente en bloc, à l’instar de la vente de macro-lots à des particuliers capables d’investir des sommes importantes et à la recherche de rendement sur le long terme.

 
 
 
 

 
 
Ce qu’en pense la Caisse des Dépôts
Parmi les investisseurs institutionnels, le Groupe Caisse des Dépôts sort du lot en raison de son approche transversale des questions liées au vieillissement. La Lettre des Résidences seniors est allée à la rencontre de Blandine Calcio-Gaudino, responsable du Pôle Santé-Social-Vieillissement.
Blandine Calcio-Gaudino, responsable du Pôle Santé-Social-Vieillissement à la CDC
« L’essor des résidences services seniors sera certainement conditionné par la capacité des offreurs à proposer des solutions de qualité à des prix abordables et à la volonté d’un nombre significatif de personnes âgées de quitter leur domicile privé pour emménager dans ce type de logement. », écrivait le Groupe Caisse des Dépôts dans son rapport @utonomie et bien vieillir daté de 2013. Il faut dire que le groupe public, dont l’action se situe au carrefour du transport, du logement et du numérique, en passant par le développement urbain, est particulièrement légitime pour juger de la pertinence de ce modèle.

Une bonne alternative

Près de trois ans après, le constat a-t-il changé ? Nous sommes allés poser la question à Blandine Calcio-Gaudino, responsable du Pôle Santé-Social-Vieillissement au sein du Département Transition Numérique du Groupe Caisse des Dépôts. « Les résidences seniors sont une bonne alternative au domicile historique et au tout-Ehpad, mais il faut veiller à développer une réponse adaptée au besoin. », explique-t-elle. Autrement dit, la technologie ne doit pas pallier le manque de personnel ou le déficit de services. « Ces technologies arrivent rapidement, mais il ne faut pas perdre de vue le process. Un dispositif de détection de chute peut lancer une alerte, mais qui sera présent pour la réceptionner ? Qui va intervenir, dans quels délais et sous quelles modalités ? Quelle est la traçabilité des données collectées ? C’est avant tout à ces questions qu’il faut être capable de répondre quand on développe une résidence seniors. »

C’est aussi une question d’intégration dans le territoire. « Il faut éviter les résidences isolées, sans coordination avec les projets médico-sociaux de la commune concernée. », poursuit Blandine Calcio-Gaudino. Cette dernière alerte sur la nécessaire prise en compte d’un certain nombre de prérequis : un projet de résidence et une implantation en cohérence avec l’environnement local, un bon dimensionnement des ressources notamment humaines favorisant le « bien-vieillir » et un accompagnement personnalisé, une offre de logements adaptés et équipés intégrant une dimension technologique et un modèle économique pérenne. Pour résumer, une résidence seniors est un produit où la dimension « servicielle » doit être pensée avant la dimension technologique. Des critères qui, plus généralement, semblent être au cœur des attentes des investisseurs institutionnels tels que la Caisse des Dépôts.

 
La Caisse des Dépôts et ses filiales constituent un groupe public, investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement économique des territoires. Sa mission a été réaffirmée par la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008. Reconnu pour son expertise dans la gestion de mandats, le Groupe concentre son action sur quatre transitions stratégiques pour le développement à long terme de la France : les transitions territoriale, écologique et énergétique, numérique et démographique.
 
 
 
 
 

 
 
  11/12/13 mars  
   

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  Courant avril  
   

 
 

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