MAI 2016
 
 
 

Les résidences seniors ne fonctionnent pas en vase clos. Loin de là. C’est ce que nous avons voulu illustrer à travers cette newsletter.

D’abord, tordons le cou à une caricature qui a fait long feu. Les résidences seniors ne sont pas réservées à une élite. La dépense moyenne y est de 1 600 euros par mois quand la pension moyenne en France atteint presque 1 400 euros et que les trois quarts des seniors disposent d’un patrimoine immobilier qu’ils peuvent mobiliser. Ces ressources ne sont parfois pas suffisantes. Certains groupes décident alors de rendre leur offre plus accessible à l’instar de Domitys, qui a développé une offre « Domitys pour tous » à moins de 1 000 euros par mois. D’autres préfèrent explorer la voie du logement social. C’est l’objet de notre premier article.

Ensuite, une résidence seniors, ce n’est pas simplement du logement. C’est aussi tout ce qu’il y a autour : le quartier, la ville, l’agglomération. Dès lors, les transports jouent un rôle clé et de nombreux groupes développent, en plus de leur offre de transport accompagné, des services d’auto-partage basés sur la voiture électrique. C’est sur cette nouvelle offre, qui répond à une demande de seniors ayant renoncé à leur voiture personnelle, que porte notre second article.

Du logement social à la voiture électrique, le parallèle n’est peut-être pas évident mais retenez une chose : une résidences seniors n’est pas refermée sur elle-même. C’est même tout le contraire. Bonne lecture !

 
 
 
 

 
Les résidences seniors ont-elles un rôle à jouer en matière de logement social ?
Les locataires du parc social sont parmi les plus touchés par le phénomène du vieillissement de la population. Dès lors, les résidences seniors peuvent apporter des solutions pertinentes… à condition d’entamer une réflexion sur les conditions d’accès aux financements du logement social et les obligations que ceci emporte.
© Les Jardins d'Arcadie
La loi d’adaptation de la société au vieillissement promulguée le 28 décembre 2015 fait une première ouverture en faveur de l’adaptation du parc social au vieillissement de ses résidents. Une convention nationale entre l’Etat et l’Union sociale pour l’habitat (USH) sera élaborée pour définir une stratégie commune autour de cet objectif, qui concernera également les personnes handicapées. L'article 20 introduit la possibilité de flécher certains logements dans les résidences seniors pour les locataires du parc social. Un prix sera également créé pour récompenser les bailleurs sociaux les plus innovants dans l’adaptation de leur parc au vieillissement.

Pas un produit de luxe

Cette prise de conscience signifie-t-elle que le vieillissement touche particulièrement les locataires du parc social ? Oui, assurément. S’ils ne sont pas les seuls concernés par cet enjeu de société, 35 % tout de même des locataires du parc social auront plus de 65 ans en 2035. D’après l’enquête Logement 2013 de l’Insee, entre 2006 et 2013, la part des moins de 30 ans dans les habitations à loyers modérés (HLM) est passée de 12% à 8%, tandis que la part des 50-64 ans est passée de 25% à 30%. A terme, la part des plus de 65 ans va continuer d’augmenter, rendant de plus en plus urgents les besoins d’adaptation des logements. D’autant plus que les locataires qui entrent dans le parc social ont tendance à y rester.

Quelles réponses apporter à cette problématique ? Bien sûr, les bailleurs sociaux cherchent des solutions. Symbole de cette mobilisation, le concours « HLM, partenaires des âgés » co-organisé par la Caisse des Dépôts et le ministère des Affaires sociales et qui en est à sa 3e édition. Mais il va falloir passer à la vitesse supérieure, d’autant que toute une frange de la population âgée et aux faibles revenus risque de se reporter sur le parc social.

Les résidences autonomie (ex-logements-foyers), dont les 2/3 sont gérées par des communes de plus en plus exsangues, sont parfois dans un état avancé de vétusté. Et la gamme des services proposés paraît dépassée. À cela s'ajoutent le chômage de masse, les carrières incomplètes et la multiplication de temps partiels qui vont nécessairement avoir un impact sur le niveau de revenu des seniors à long terme. Du coup, le logement seniors a tout intérêt à ne pas devenir un produit de luxe s’il veut rencontrer son public.

Une expérience réussie de résidence mixte

Locataires du parc social, résidents des résidences autonomies, seniors aux revenus modestes : autant de profils qui peuvent être concernés par le développement de résidences seniors avec une dimension sociale. A partir de là, trois scénarios sont possibles. Dans le premier scénario, le promoteur-exploitant développe une résidence seniors « classique » et décide de louer une partie des logements à des tarifs préférentiels selon des critères bien définis. Ici, pas question de faire appel aux financements du logement social, le gestionnaire se contentant d’appliquer une grille tarifaire différenciée.

Dans le deuxième scénario, le promoteur-exploitant crée une résidence seniors comprenant une aile résidence seniors, une aile résidence autonomie et, au centre, des espaces collectifs communs. C’est ce qu’ont réussi à faire Les Jardins d’Arcadie à Versailles (78). Cette opération a été menée à l’initiative de la Ville de Versailles, qui souhaitait trouver un prestataire susceptible de financer la réhabilitation d’un logement-foyer devenu obsolète et de le gérer. Le premier appel d’offre s’est révélé infructueux, aucun acteur du logement social n’étant en mesure de rénover les bâtiments, d’offrir des services à la carte ni de s’inscrire dans les plafonds de redevance prévus par le législateur. Face à ce constat, le bailleur social Domnis s’est rapproché des Jardins d’Arcadie et a imaginé un montage permettant de répondre aux différentes contraintes du projet tout en garantissant un équilibre financier à l’opération. Le groupe de résidences seniors, le bailleur et la commune se sont ainsi associés pour proposer une opération innovante à Versailles, offrant une mixité sociale avec 46 appartements en loi SRU (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains) et 45 appartements en secteur libre. Les services généraux sont communs à tous les résidents et Les Jardins d’Arcadie exploitent la totalité de la résidence.

Un troisième scénario alternatif

Dans le troisième scénario, enfin, le promoteur–exploitant réalise simultanément, d’un côté, une résidence services privée et, de l’autre, un programme social (PLS, PLUS et PLAI). Le bailleur social recrute des résidents pour ses appartements et demeure le seul interlocuteur au titre du bail signé entre lui et le résident. Les deux résidences, certes indépendantes en terme de fonctionnement (entrées spécifiques, ascenseurs dédiés, etc.), sont cependant connectées et les résidents de la partie sociale peuvent se rendre dans les parties communes, la salle de restauration, les salons de la résidence seniors.

Reste à trouver un accord entre l’exploitant de la résidence seniors et le bailleur social concernant les services offerts aux résidents du secteur social…

  Revoir les règles du logement social
Incontestablement, les promoteurs-exploitants de résidences seniors ont un rôle à jouer en matière de logement social. Reste à trouver le modèle aisément reproductible qui permettra de développer des résidences sociales à bas prix sans faire du low-cost.

« La généralisation de ces programmes mixtes nécessite une réflexion en amont concernant la législation du logement social. », estime François Georges, président des Jardins d’Arcadie. Premièrement, les effets de seuil sont particulièrement sensibles pour les personnes âgées et il serait opportun de réfléchir à une meilleure proportionnalité des redevances facturées par rapport aux revenus. Deuxièmement, le reste à vivre, notion permettant de fixer le niveau de loyer/redevance, n’est pas la même pour une famille avec des enfants en bas âge ou scolarisés et une personne âgée seule. Troisièmement, les caractéristiques des logements dédiés aux personnes âgées doivent être redéfinies (fonctionnalités, taille, etc.). Un chantier à ouvrir d’urgence !

 
 

 
 
Les seniors roulent électrique
Si la mobilité des seniors diminue avec l’âge, c’est dans les pôles urbains qu’elle est la plus développée. Plusieurs groupes de résidences seniors ont donc fait le choix de mettre à la disposition de leurs résidents des véhicules électriques pour leur permettre d’effectuer des déplacements courts.
© La Girandière
La mobilité des seniors baisse avec l’âge. Avant de s’expliquer par les incapacités physiques, cette baisse de mobilité se justifie d’abord par la disparition des déplacements liés au travail. Entre 60 à 75 ans, on réalise en moyenne trois déplacements par jour. La mobilité quotidienne diminue fortement à deux déplacements par jour entre 75 et 85 ans et chute à un déplacement par jour au-delà.

A ces âges-là, la voiture individuelle n’apparaît plus vraiment comme une impérieuse nécessité. Pour autant, la voiture n’a pas dit son dernier mot. Les habitudes de transports évoluent et, demain, les seniors rouleront électrique et pratiqueront l’auto-partage.

Les seniors se déplacent plus en ville

On observe un lien très fort entre le nombre et la durée des déplacements, d’une part, et l’endroit où vivent les seniors, d’autre part. En-dehors des pôles urbains, les déplacements sont plus longs et plus pénibles. En revanche, en centre-ville, la proximité des commerces et des services, de même que la qualité de l’espace public facilitent les déplacements. Guillaume Mathieu, fondateur du service de transport à la demande Citizen Mobility abonde dans ce sens : « Notre service est opérationnel depuis trois ans en Ile-de-France. Les trajets de nos clients sont en général assez courts, de l’ordre de 10 km en moyenne. On dénombre aussi beaucoup de trajets très courts (1 à 2 km) pour passer à la banque, se rendre chez le médecin qui est proximité ou rendre visite à un ami. »

Plus nombreux en ville, les déplacements se font aussi principalement aux heures creuses (entre 9h et 11h). Autrement dit, des horaires où il est plus facile de circuler en voiture. La voiture reste donc un moyen de transport incontournable pour toute une population de seniors urbains.

Ce n’est pas un hasard, dès lors, si plusieurs groupes de résidences seniors ont développé un concept de voiture électrique partagée. Leur logique est implacable : si les résidents n’ont pas nécessairement l’envie ou l’utilité de conserver leur voiture, ils peuvent occasionnellement avoir besoin d’en emprunter une. La voiture électrique n’a rien d’un gadget écolo. Au contraire, elle est particulièrement adaptée à des trajets courts en milieu urbain et occasionne moins de nuisances, notamment sonores.

Rouler électrique : déjà une réalité

Domitys teste actuellement un service d’auto-partage dans cinq résidences. Les résidents et les familles peuvent y louer un véhicule électrique. Cette initiative a été lancée en partenariat avec Automobilité, un spécialiste de la mobilité durable qui a développé une offre d’auto-partage spécialement adaptée aux résidences seniors et a remporté l’appel à projet « INNOVATION Lab CDC – Groupe Caisse des Dépôts ».

La Girandière a fait appel au même prestataire pour développer son offre de mobilité partagée. « Nous avons créé deux nouvelles prestations, explique Geoffroy Daquin, directeur régional. La première, dans une logique hôtelière, permet au résident de réserver le véhicule électrique pour une demi-heure, 1 heure ou une demi-journée. La seconde tient vraiment du service à la personne. Un accompagnant conduit le véhicule et accompagne le résident. » Cette offre de transport accompagné, bien distincte de la navette assurée par la résidence seniors pour les groupes, est éligible aux chèques Sortir Plus proposés par l’Agirc-Arrco. Pour l’heure, la nouvelle offre est déployée dans les résidences de Chanteloup-en-Brie (77) et d’Osny (95).

Nul doute que ce genre de projet va continuer de se développer à l’avenir. D’abord, parce que les générations futures de seniors seront plus nombreuses à détenir un permis de conduire. Le taux de permis des femmes n’est-il pas plus élevé dans les générations actuelles que dans les classes les plus âgées ? Ensuite, parce que la consommation repose aujourd’hui davantage sur la location que sur la notion de propriété. Il n’y a donc aucune raison apparente pour que ce phénomène ne touche pas, là aussi, la mobilité des seniors.

 
 
 
 

 
 
Amélie Pépin, animatrice
Arrivée en 2013 au poste d’animatrice de la résidence Domitys de Cavaillon (84), Amélie Pépin s’apprête à devenir référente régionale pour la partie animation. La jeune animatrice, qui a fait son bonhomme de chemin, partage avec nous sa vision du métier.
Amélie Pépin
La Lettre des Résidences Seniors : Devenir animatrice en résidence seniors a-t-il toujours été une vocation ?

Amélie Pépin : Pas vraiment ! Au départ, j’ai suivi une formation de la filière socio-culturelle et ai fait un master en anthropologie. Après un long voyage en Afrique de l’Ouest, j’ai cherché du travail en France et ai répondu à une annonce de la résidence de Cavaillon, où j’habite. Au départ, il est vrai que je me suis posé des questions. Certes, j’avais déjà animé des activités avec des adultes, mais allais-je être capable d’intéresser un public de seniors ? Le directeur de la résidence m’a tout de suite rassurée et le programme d’animation de Domitys est un cadre auquel on peut toujours se rattacher.

La LRS : Comment définiriez-vous le métier d’animateur en résidence seniors ? En quoi est-il si différent du métier d’animateur en Ehpad ?

A. P. : Etre animateur en résidence seniors, c’est considérer la personne au sein d’un groupe. Il y a une dimension anthropologique dans tout cela : il faut connaître l’individu et sa position dans le groupe pour savoir répondre aux attentes et aux souhaits de l’ensemble des résidents. Chaque activité doit donc être un moment de socialisation sans pour autant mettre de côté les attentes individuelles.

Au quotidien, le métier d’animateur consiste beaucoup en la coordination des différents intervenants extérieurs : le professeur de chant, les intervenants sportifs (aquagym, gymnastique douce), la sophrologue, etc. Un grand nombre de ces activités est ouvert aux personnes âgées de la ville et c’est sans doute ce qui distingue le plus notre métier de celui d’animateur en Ehpad qui, je crois, est beaucoup plus cloisonné. Je réalise aussi beaucoup d’animations moi-même et fais en sorte que la résidence soit identifiée dans le tissu local comme un lieu de vie et non de fin de vie.

La LRS : De quelle manière impliquez-vous les résidents qui ne souhaitent pas forcément participer à des animations de groupe ?

A. P. : Chaque activité doit laisser un espace de respiration pour l’individu. Prenons un exemple. Chaque résidence a son club de lecture au sein duquel les résidents peuvent partager leurs impressions sur tel ou tel livre. Il n’est pas toujours facile, pour certains, de prendre la parole devant un groupe d’une vingtaine de résidents. Il n’est pas rare que les plus réservés me fassent part de leurs commentaires par écrit. Nous en discutons ensuite et je fais une restitution lors de la séance suivante.

Autre exemple : les randonnées. On part certes en groupe, mais chaque personne marche à côté d’une autre, ce qui permet d’entretenir un autre type de contact, moins collectif. Et puis, il ne faut pas oublier les moments informels comme l’entracte gourmand de 16h ou les cafés d’étages, pendant lesquels je peux échanger avec les résidents en petit comité et repérer les éventuelles fragilités. L’animateur a aussi un rôle de confident, même si nous savons rester professionnels.

La LRS : Quelles satisfactions vous procure ce métier ? Et quelles frustrations ?

A. P. : Lorsque des résidents viennent en séjour découverte, hésitent à emménager puis, après avoir franchi le pas, admettent que c’est la meilleure décision qu’ils aient prise ces dernières années, nous ressentons tous une énorme satisfaction ! Côté frustrations, je regrette de ne pas pouvoir davantage échanger avec mes collègues animateurs, même si le réseau se réunit déjà deux à trois fois par an. J’aimerais également avoir plus de temps à consacrer aux résidents et que les journées soient doubles… mais je crois que ce n’est pas spécifique aux animateurs !

 
 
 
 

 
 
  2 mai  
   

  1er juin  
   

 
 

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