AOÛT - SEPTEMBRE 2016
 
 
 

Quelle meilleure période que la rentrée scolaire pour s’interroger sur l’offre de formation destinée aux résidences seniors ? La question est légitime, tant le développement des résidences seniors se traduit par l’apparition de nouveaux métiers hybrides. Prenons l’exemple du directeur de résidence. A mi-chemin entre l’hôtellerie et le secteur médico-social, celui-ci doit à la fois veiller au confort et à la qualité d’accueil des résidents, dans un environnement où l’offre de services est beaucoup plus dense qu’en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), et proposer un accompagnement de qualité des personnes âgées.

Or, l’offre de formation spécifiquement destinée aux résidences seniors peine encore à décoller. Notre interview d’une responsable de formation à Paris Dauphine en témoigne. Lorsqu’on crée un nouveau master, celui-ci vise d’abord les Ehpad. Question de débouchés. Quand on compte un peu plus de 500 résidences seniors partout en France, le nombre d’Ehpad dépasse les 7 700.

Pour autant, c’est dès aujourd’hui qu’il faut imaginer les parcours de formation de demain. Universités, instituts de formation et grandes écoles sont autant de partenaires à mobiliser. Partenaires… Le mot est lâché. C’est le fil rouge de cette newsletter de rentrée. Au-delà des partenaires universitaires, il y a les investisseurs institutionnels, qui sont de plus en plus nombreux à faire le pari des résidences seniors, et les collectivités, dont la nouvelle étude Xerfi-Precepta dit qu’elles sont un moteur de développement. L’année 2016-2017 sera donc placée sous le signe d’une approche encore plus partenariale de l’accompagnement des personnes âgées.

Bonne lecture !

 
 
 
 

 
La pierre-papier prend le virage des résidences seniors
Un investisseur institutionnel souhaitant investir dans les résidences seniors a le choix entre deux options : soit acheter des résidences en direct, soit acquérir des parts dans un fonds professionnel. Avec le concours de Christophe Peyre, directeur immobilier d’A Plus Finance, nous avons tenté d’y voir plus clair.
« Dès 2012, nous avons réfléchi à un produit qui était à même de faire face aux soubresauts de l’économie après la crise de 2008. », raconte Christophe Peyre, directeur immobilier d’A Plus Finance. Derrière l’argument de la sécurité – la pierre rassure – se cache aussi la volonté « d’aller vers un secteur offrant des perspectives favorables et ayant pour sous-jacent l’utilisateur final », gage de pérennité de l’investissement.

Il faut dire que le gestionnaire de portefeuille n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir créé un premier OPCI (organisme de placement commun immobilier) professionnel dédié aux résidences seniors, A Plus Finance a annoncé en février dernier la constitution d’un deuxième fonds de ce type, A Plus Génération 2, dont l’objectif est de constituer un portefeuille immobilier de 120 à 150 millions d’euros. Concrètement, le portefeuille de cet OPPCI est composé d’immeubles neufs achetés en VEFA (vente en état futur d’achèvement), situés dans des agglomérations attractives avec des exploitants preneurs à bail dont Domitys.

Un segment dynamique

Historiquement, le marché de la pierre-papier est dominé par l’immobilier commercial, le seul capable de servir des rendements plus élevés que le logement. « Ce marché est depuis trop longtemps concentré sur les bureaux et les commerces et, de ce fait, commence de présenter des signes de faiblesse. », observe Christophe Peyre. Du coup, la priorité pour les sociétés de gestion est désormais de diversifier leur portefeuille en élargissant leur stratégie d’investissement à d’autres secteurs, parmi lesquels la santé et les seniors.

Problème, cette diversification s’est d’abord faite en direction des cliniques et des Ehpad qui ne sont pas sans comporter quelques inconvénients. D’une part, compte tenu du développement de l’ambulatoire, on estime à 4 millions le nombre de mètres carrés de cliniques inutiles. D’autre part, l’investissement dans les Ehpad est très contraignant. Cela tient au fait que le robinet des appels à projets est définitivement fermé (modulo quelques ajustements capacitaires ciblés), empêchant toute création de lits. Cela tient aussi au fait que le propriétaire des murs est tributaire de l’exploitant, seul détenteur des autorisations de création de lits. Face aux cliniques et aux Ehpad, et alors que les autres formes d’immobilier géré telles que le logement étudiant sont en fin de cycle, les résidences seniors tirent donc leur épingle du jeu et apparaissent comme un des segments les plus dynamiques du secteur résidentiel à bail commercial.

3 éléments déterminants

Qui sont ces investisseurs institutionnels ? Des compagnies d’assurance, des mutuelles, des banques ou des caisses de retraite complémentaire pour l’essentiel. Pour ces investisseurs, les deux stratégies d’acquisition (en direct ou par le biais d’un OPPCI) ne sont pas exclusives l’une de l’autre. « Parmi nos acheteurs, certains ont déjà fait l’acquisition de deux ou trois résidences seniors tout seuls. », commente Christophe Peyre. Investir via un OPPCI leur permet de mutualiser le risque en évitant de mettre tous ses œufs dans le même panier.

Si les premiers résultats sont encourageants, le développement de cette nouvelle poche d’investissement reste conditionné par trois éléments :

  • D’abord, la capacité des promoteurs-exploitants à accompagner durablement les investisseurs institutionnels. La création d’un label qualité, actuellement à l’étude, devrait contribuer à consolider le secteur et le faire avancer dans la bonne direction ;
  • Ensuite, la faculté des investisseurs institutionnels de veiller à ce que les loyers restent connectés au marché résidentiel local. « On a parfois peur que certains investisseurs oublient ce fondamental. », s’inquiète Christophe Peyre ;
  • Enfin, la concurrence du logement traditionnel dans les zones urbaines très denses. Si l’aménagement d’une résidence seniors se fait au prix d’une restructuration lourde d’un bâtiment là où les loyers sont élevés, l’investisseur préférera peut-être en faire un immeuble d’habitation comme les autres. « Mon conseil est d’être très sélectif sur les investissements. », conclut Christophe Peyre.
 

 
 
« Il faut un parcours de formation spécifique
aux résidences seniors »
Comment l’enseignement supérieur anticipe-t-il le développement des résidences seniors en France ? Sandrine Dufour-Kippelen, maître de conférences en économie à Paris Dauphine, nous répond.
Sandrine Dufour-Kippelen, maître de conférences en économie à Paris Dauphine
La Lettre des Résidences Seniors : Vous avez accompagné la création du parcours de M2 Management stratégique des services et établissements pour personnes âgées. Pourquoi ce choix ?

Sandrine Dufour-Kippelen : A travers la création de ce master, notre objectif était de répondre à une demande importante émanant de professionnels en reconversion et provenant d’univers très divers : la finance, le conseil, l’immobilier mais aussi l’entrepreneuriat, la communication, l’audiovisuel et même l’armée. Nos étudiants sont des personnes à la recherche d’un nouveau projet professionnel, qui soit porteur de sens et très opérationnel.

Nous souhaitons préparer ces cadres à la prise de fonctions dans le secteur gérontologique en général, que ce soit les établissements d’hébergement pour personnes âgées (Ehpad), les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad), les services d’aide à domicile (Saad) et, évidemment, les résidences seniors.

La LRS : De quelle manière adaptez-vous vos parcours de formation ?

SDK : Avec cette première promotion, nous n’avons pas souhaité mettre l’accent sur des aspects très concrets comme la conciergerie ou l’hôtellerie. Les maquettes pédagogiques sont déjà bien chargées ! Nos enseignements portent principalement sur la connaissance du public accompagné, les méthodes d’accompagnement, la stratégie et le pilotage d’une structure (management, comptabilité, contrôle de gestion, évaluation de la qualité). Le secteur gérontologique est très mouvant et nos étudiants auront besoin de s’adapter en permanence. C’est pourquoi nous avons aussi intégré des notions de ressources humaines et de conduite du changement.

La LRS : Ce nouveau parcours de M2 attire-t-il un nouveau public étudiant? Quel bilan tirez-vous plus d’un an après sa création ?

SDK : Ce master s’adresse uniquement aux étudiants de la formation continue. Nous avons donc déjà affaire à des professionnels qui sont attirés par le secteur. Bien sûr, il y a parfois des déconvenues, notamment lorsqu’on aborde les aspects salariaux. C’est pourquoi nous veillons à parler de ces questions dès les premiers entretiens, ce qui a occasionné quelques défections dès le processus de sélection. Mais, dans l’ensemble, nos étudiants sont prêts à accepter ce sacrifice. Ce qui les motive à entamer cette formation, à l’âge de 40 ou 50 ans, c’est à la fois la conviction que leurs diplômes sont un peu anciens et la volonté d’avoir un nouveau diplôme pour asseoir leur légitimité. Le fait d’avoir suivi une formation dédiée les rassure.

La LRS : Quels sont les débouchés pour ce type de formation ? Travaillez-vous déjà avec des groupes de résidences seniors ?

SDK : Le premier choix est le plus souvent la direction d’Ehpad. Viennent ensuite les autres formes d’hébergement comme les résidences autonomie et les résidences seniors. Les débouchés ne se trouvent pas qu’en région parisienne : nos étudiants ont trouvé des postes dans la France entière. Pour répondre à votre seconde question, nous n’avons pas de partenariats avec des groupes de résidences seniors. Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas notre cible principale même si les résidences seniors appartiennent aux débouchés possibles. A mon sens, il faut plutôt développer une formation spécifique courte sous la forme d’un diplôme universitaire (DU) ou d’un cycle de formation sur mesure de type certificat, sur le modèle de ce qui existe en économie de la santé pour l’industrie pharmaceutique.

  Le M2 Management stratégique des services
et établissements pour personnes âgées en bref

  • Année de création : 2015
  • M2 de l'université Paris-Dauphine en partenariat avec l'IRTS Ile de France Montrouge Neuilly-sur-Marne
  • Campus : Paris Dauphine et IRTS Ile de France Montrouge.
  • Rentrée de la prochaine session : mars 2017
www.management-secteur-personnes-agees.dauphine.fr/
www.formation-continue.dauphine.fr
 
 
 
 
 

 
 
Le portail de la CNSA souffle sa première bougie
Un an après sa mise en ligne, le portail d’information grand public de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie totalise plus d’un million de visiteurs. Mais les résidences seniors restent le parent pauvre de ce site.
Le portail de la CNSA bat tous les records : plus d’un million de visiteurs un an après sa mise en ligne, plus d’une centaine d’articles pédagogiques en ligne, des dossiers thématiques chaque mois, les coordonnées de plus de 12 000 établissements et services disponibles… Mais pas un numéro de téléphone, pas une adresse de résidence seniors. Ce site peine encore à offrir la vision à 360 degrés qu’on en attend. Pour-les-personnes-agees.fr a donc encore un peu de chemin à parcourir pour atteindre pleinement l’objectif d’orientation des personnes âgées qui a présidé à sa création.
 
 
Xerfi-Precepta : priorité à l’innovation et à l’implication des acteurs locaux
L’organisme d’études sectorielles Xerfi-Precepta vient de sortir la nouvelle mouture de son étude sur le marché des résidences seniors. Il liste les principaux vecteurs de création de valeur pour les années qui viennent.
« Certes, la reconnaissance dans la loi des résidences services seniors de 2e génération comme des solutions de logement intermédiaire à part entière, et la prochaine mise en place d'un label qualité, devraient contribuer à rassurer de futurs investisseurs et locataires. », estime Xerfi-Precepta. Mais c’est avant tout la capacité des opérateurs à innover et à impliquer davantage les institutionnels, les collectivités et les acteurs locaux dans les projets qui permettra « la pleine concrétisation du formidable potentiel de ce marché » selon l’auteur de cette étude Jean-Christophe Briant.
 
   
 

 
 
  5 septembre  
   

  3 octobre  
   

 
 

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