MARS 2017
 
 
 
Esprit (de la loi), es-tu là ?

De l’esprit des lois... Plus de 250 ans après Montesquieu, c’est à deux parlementaires de s’interroger en 2017 sur « l’esprit de la loi »...

Car il y a la loi, la volonté du législateur, et ce qu’en fait ensuite l’exécutif via son pouvoir réglementaire. Certaines lois ne sont jamais traduites dans les faits faute de décrets d’application. Mais il y a aussi des lois qui font l’objet d’une si mauvaise traduction réglementaire que leur objectif initial en est perverti.

Georges Labazée, sénateur des Pyrénées-Atlantiques et Joëlle Huillier, députée de l’Isère, respectivement rapporteurs de la loi ASV au Sénat et à l’Assemblée nationale viennent tout juste de saisir le Gouvernement pour leur faire part de leur point de vue lapidaire : « à la lecture du décret, nous constatons qu’il contrevient à l’esprit de la loi » concluent les deux parlementaires suite à la publication du décret du 14 décembre 2016 sur les services non individualisables dans les RSS.

Pour eux, la distinction entre les résidences services de 1ère génération (copropriétés avec services) et de 2ème génération n’apparaît pas dans un décret qui du coup interdit la mutualisation de services aussi évidents que la restauration, l’animation ou les activités quotidiennes. En n’autorisant pas la mutualisation de ces services, le décret rend « inabordable leur coût pour une grande partie des résidents » se plaignent les parlementaires dans une saisine à Emmanuelle Cosse, ministre du Logement.

Face à cette fronde, Matignon a décidé de renvoyer le dossier aux ministres concernées : Emmanuelle Cosse mais aussi Marisol Touraine. Elles n’ont plus que quelques semaines avant la fin du quinquennat pour revoir éventuellement leur position.

 
 
 
 

 
Les séjours temporaires en RSS, tremplin vers le long cours ?
Souvent perçus uniquement comme des contrats de longue durée, les séjours en résidences services seniors (RSS) peuvent également être temporaires. Sortie de soins de suite, retraite hivernale ou vacances, ces séjours sont de diverses natures… et obéissent à des stratégies différentes selon les groupes.
© famveldman - Fotolia
Régulièrement décrits comme un « sas transitoire », les séjours temporaires accompagnent souvent une sortie d’hospitalisation avant le retour à domicile. Il s’agit alors pour le résident de poursuivre son rétablissement dans un cadre adapté et sécurisé, en vue de retrouver une certaine confiance en soi et d’éviter le maintien à l’hôpital sans pour autant prendre le risque d’un retour à domicile prématuré. Principal objet du séjour temporaire, la convalescence n’est toutefois pas l’unique cas de figure.

De la convalescence aux vacances

Une fragilité ne se réduisant pas au seul plan physique, ce type de séjour peut constituer une réponse aux aléas de l’existence tel que le décès du conjoint ou être sollicité pour pallier l’absence des proches, généralement pendant les zones de vacances.

Mais l’offre de ce que certains groupes nomment aussi « courts séjours » incorpore également un volet « loisir » où le choix supplante la contrainte. Qu’il s’agisse de passer sereinement la période hivernale ou profiter du soleil estival, ils aiment à se rendre dans des résidences situées dans des lieux touristiques et/ou historiques. Ainsi, Domitys attire dans sa résidence d’Amboise (Indre-et-Loire) des « vacanciers » désireux de visiter le célèbre château de la Renaissance. Les Jardins d’Arcadie misent quant à eux sur leur présence au bord des littoraux (Sète, Perros-Guirec, Pléneuf-Val-André). Le séjour temporaire est donc apprécié des bénéficiaires, qui viennent se ressourcer, tester un modèle de vie… et plus si affinités.

RSS : l’essayer pour l’adopter ?

Pour Les Jardins d’Arcadie, les sorties de soins de suite et de réadaptation constituent, avec les séjours offrants un répit aux aidants, les « axes prioritaires » des courts séjours. À cela s’ajoutent des séjours d’essai dont le but est de permettre de comprendre le fonctionnement d’une RSS, afin de lever les freins à l’installation. L’offre proposée (séjour allant de quelques jours à plusieurs mois, hébergement seul ou pension complète) assure ainsi une transition en douceur pour des seniors pas toujours enclins à déménager. Et cette flexibilité séduit : le taux de transformation est ainsi de l’ordre de 20% sur la totalité des séjours temporaires. Il s’agit pour les Jardins d’Arcadie d’un « véritable levier de développement ».

Dans la même optique, Les Senioriales préfèrent parler de « politique de temps d’observation ». 2 à 3 logements sont ainsi destinés au court séjour. Tout équipés, ils ne font pas l’objet d’une majoration tarifaire. Ainsi, le groupe ne fait aucune différence entre les séjours temporaires et permanents. Un bon moyen de « transformer l’essai » pour la conversion au long court selon les gestionnaires. Dans le cadre d’une sortie d’hospitalisation avec un nécessaire suivi médical et paramédical, par exemple, cela peut avoir une grande plus-value puisque les résidences mettent leurs équipements (salle de sport, piscines) à disposition. Les Jardins d’Arcadie possèdent à cet égard un coordinateur assurant la jonction avec ces partenaires.

Cette gamme de services annexes, qui compte aussi l’aide à la prise de rendez-vous ou la livraison de médicaments, est également proposée dans les résidences Domitys. Mais pour le groupe, ces séjours temporaires s’apparentent plus à une « activité complémentaire » qu’à un levier de développement. D’une durée allant d’une à quatre semaines, ils ne sont pas initialement envisagés comme une voie de recrutement puisque le groupe propose pour cela une offre « séjour découverte ». Cette stratégie de distinction se retrouve d’ailleurs dans l’aménagement des établissements : sur 120 logements, 5 y sont consacrés et, à la différence des logements classiques, ces derniers sont déjà décorés. Pour Domitys, le court séjour répond en outre à une demande des pouvoirs publics, les ARS ayant lancé un appel d’offre pour développer des solutions d’hébergement à proximité des hôpitaux.

Quelle que soit leur stratégie, les groupes des RSS reconnaissent l’importance et la plus-value des séjours temporaires. Activité complémentaire ou levier de transformation, il s’agit bien là d’un sas de transition… à plusieurs portes de sortie !

 

 
 
Présidentielles 2017 : quels programmes pour les seniors ?
Largement absente des débats politiques, la question du grand âge a pourtant fait florès tout au long du quinquennat finissant, se traduisant par la loi ASV du 28 décembre 2015. Dans son prolongement, les candidats à la présidentielle livrent leurs propositions sur la place accordée aux seniors. Passage en revue des pistes esquissées.
© Patrick Dagonnot
Rare candidat à évoquer les résidences seniors, Benoît Hamon souhaite développer « les nouvelles formules alternatives d’habitat afin de lutter contre l’isolement des personnes âgées ». L’adaptation des logements fait partie de ses 12 propositions pour le bien vieillir, parmi lesquelles l’aide aux aidants pour un objectif « zéro famille sans solution ».

Jean-Luc Mélenchon privilégie lui l’accompagnement à domicile. Le candidat de la France insoumise prévoit notamment la formation de 100 000 personnes dans les métiers de la prise en charge. La perte d’autonomie serait financée par l’impôt (taxation des hauts revenus immobiliers, « journée de solidarité des riches »).

Une mesure à l’opposé de ce que préconise François Fillon, ce dernier voulant « encourager la généralisation d’une couverture assurantielle dépendance privée ». Une idée déjà émise en 2010-2011 lorsqu’il officiait à Matignon. Cette proposition s’accompagnerait d’une couverture complémentaire santé pour les seniors.

Les assurances privées ? Une hérésie pour Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan. La leader frontiste plaide pour la création d’un 5ème risque de sécurité sociale consacré à la dépendance. À cela s’ajoute l’instauration d’une Prime de Pouvoir d’Achat d’un montant de 80 euros, à destination des petites retraites.

Pointant les insuffisances budgétaires de la loi ASV, le président de Debout la France propose lui une loi de programmation pluriannuelle à hauteur de 5 milliards d’euros (2 milliards d’économies sur les journées d’hospitalisation des personnes âgées et 3 milliards résultant de la « lutte à la fraude sociale »). Un congé individuel de formation viendrait faciliter la vie des aidants.

C’est également le souhait d’Emmanuel Macron via l’allocation d’un « chèque bilan social/santé » et la simplification des démarches administratives pour les proches. En complément de cette aide, il entend développer « toutes les formes d’habitat inclusif et partagé, et en particulier l’habitat intergénérationnel ». Enfin, comme tous les autres candidats, le fondateur d’En Marche met l’accent sur la prévention.

 
 
 
 

 
 
Jean-Philippe Arnoux, directeur exécutif de Vita Confort
Depuis quelques années maintenant, une véritable évolution a lieu sous nos yeux : les seniors, plus que jamais, veulent désormais maîtriser leur destin et décider eux-mêmes de la façon dont ils vont vieillir.

Au cœur du problème : la question du domicile. Pour rester autonome, il faut bénéficier d’un logement adapté. Qu’il s’agisse d’adapter son logement, ou plus efficace encore, de déménager directement dans un logement déjà adapté type résidences seniors.

Pour mieux comprendre ces évolutions, nous sommes allés à la rencontre de Jean-Philippe Arnoux, directeur exécutif de Vita Confort, filiale de Lapeyre, première enseigne à commercialiser, dans une boutique située au cœur de Paris, les aménagements nécessaires à l’adaptation des logements.

© Patrick Dagonnot
La Lettre des Résidences Seniors : Vita Confort a ouvert sa première boutique rue Lecourbe en plein centre de Paris. Pourquoi les seniors franchissent-ils votre porte ?

Jean-Philippe Arnoux : Il est vrai que le pari consistant à ouvrir une enseigne destinée au grand public et spécialisée dans l’adaptation des logements n’était pas gagné d’avance. Il s’agit ici de proposer un lieu d’accueil où le caractère « accessibilité » des produits est déstigmatisé. Nous avons également imaginé une intégration transversale entre l’univers industriel et les organismes en charge de la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées sur les territoires. Ceci afin d’offrir à l’usager toutes les informations nécessaires pour optimiser son projet de vie.

La LRS : Justement, comment les seniors anticipent-ils leur futur ?

J.-P. A. : C’est là que réside le problème : les seniors viennent difficilement par eux-mêmes. Dans leur tête, ils n’ont jamais l’âge de leurs artères et ne s’équipent généralement qu’une fois qu’ils sont atteints par les troubles du grand âge. Mais progressivement, nous leur faisons comprendre que l’introduction dans leur quotidien d’aides adaptées participe d’une vraie démarche de prévention.

Cette démarche de prévention s’applique dans les mêmes termes quand une personne décide de rejoindre une résidence services seniors. Là, c’est le gestionnaire de la résidence seniors qui décidera de porter son attention sur l’équipement et l’adaptation du logement qu’il propose. Que l’on soit à domicile ou en résidence, les règles d’ergonomie sont les mêmes pour tous. L’environnement change mais on reste sur des questions relatives aux besoins situés en bas de la pyramide de Maslow, comme par exemple l’hygiène, qui est indispensable pour le lien social et l’estime de soi.

La LRS : Selon vous, quelles sont les opportunités de collaboration avec les RSS ?

J.-P. A. : À l’évidence, la résidence services séniors est aujourd’hui le lieu par excellence de l’adaptation. Là où des logements ont besoin de rénovations ou d’adaptations qui peuvent s’avérer coûteuses, la RSS offre immédiatement un logement adapté. Mais au-delà de l’adaptation des espaces, les RSS peuvent mettre en place des ateliers de prévention pour apporter des conseils sur le bon usage d’un logement. Il faut toujours rappeler que 9.000 personnes âgées meurent chaque année d’accidents domestiques.

La résidence peut être aussi le lieu d’un hébergement temporaire, notamment en cas de sortie d’hospitalisation, le temps que le logement privé de la personne subisse les adaptations nécessaires. Car la personne âgée ne doit pas s’adapter à son environnement, c’est l’inverse. De ce point de vue, le marché des RSS, très concurrentiel, nécessite que les résidences se démarquent certes par la qualité de leur service mais aussi par le niveau d’adaptation de leurs logements.

 
 
 
 

 
 
  24 & 25 mars 2017  
   

  24 & 25 mars 2017  
   

  27 mars 2017  
   

 
 
 

en partenariat avec
Charte de rédaction de la Lettre des Résidences seniors
 

Tous les contenus du site http://www.ehpa.fr sont couverts par le droit d'auteur. Toute reprise, partielle ou totale, est soumise à l'accord de l'auteur en vertu de l'article L.122-4 du Code de la Propriété Intellectuelle. Après avoir obtenu cet accord, la reproduction des pages de ce site est autorisée à condition d'en mentionner la source et d'en fournir les liens correspondants. Toute autre reproduction ou utilisation à des fins commerciales de ces documents ne peuvent avoir lieu sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.