JUILLET 2017
 
 
 
Cet été 2017 sonne, pour les Résidences Services Séniors, la « fin du commencement » autant que le « début de la suite »...

Les RSS vivent en effet la fin d’un cycle : celui commencé en 2014-15 quand les résidences séniors se sont pleinement invitées dans le débat public. Non pas que ces résidences, de 1ère ou de 2ème génération, en copropriété ou en location, aient attendu si tard pour développer leurs activités et être mature en terme de services proposés. Non, ces résidences existaient bien depuis le tout début des années 2000 même pour certaines.

Ce qui a changé ces dernières années, c’est que le législateur s’est enfin intéressé à des résidences dont on s’apercevait bien au fil du temps qu’elles étaient en train de prendre, pour des raisons autant démographiques que sociologiques, un véritable essor. Intégrées dans la loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement, les RSS ont donc fait l’objet d’une reconnaissance qui leur donne désormais une place centrale dans le monde de l’hébergement pour personnes âgées.

A l’orée de ce quinquennat, les RSS entament désormais le « début de la suite ». La période qui s’ouvre s’avère passionnante : elle va être celle…

…de la consolidation d’un concept
Le concept de RSS va faire florès tant les seniors, y compris très âgés, feront tout pour bénéficier d’un environnement adapté et éviter le chemin de l’Ehpad. Il faudra donc inventer et innover pour ne pas cesser d’être attractif.

…de la structuration d’un secteur
Entre des négociations de plus en plus fréquentes avec les pouvoirs publics, l’adoption d’un label de qualité et l’entrée sur le marché d’opérateurs de plus en plus importants, le secteur des RSS va devenir un secteur mature et structuré.

…du développement de la croissance.
Enfin, le nombre de créations ne va cesser de croître dans les prochaines années notamment dans les villes de 20 000 à 100 000 habitants, lieux pour lesquels le maintien de seniors de catégorie moyenne et supérieure est quasiment une condition de survie.

 
 
 
 

 
L’avenir des RSS : en marche avant ?
Maintes fois utilisé ces derniers temps, ce gimmick très présidentiel vaut également pour le secteur des résidences services seniors. A priori, les voyants sont au vert pour des RSS au modèle économique stable et qui, depuis 2015, possèdent un cadre juridique hérité de la loi ASV. Toutefois, des questions soulevées lors du précédent quinquennat restent en suspens à l’heure où le nouveau Gouvernement ne comporte pas de ministère du logement. Quelles sont les perspectives à court et moyen terme ?
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Pour dresser un bilan du secteur des résidences services seniors, avancer des données chiffrées est plus que tentant. De 463 à fin 2014, le nombre de résidences seniors en exploitation est passé à 540 à fin 2016, soit une augmentation de 17%. Et les prévisions sont résolument optimistes. En moyenne, 65 résidences par an seraient mises en exploitation sur la période 2016-2020 pour une croissance annuelle moyenne du parc de plus de 11%1. Mais résumer cette évolution du seul point de vue quantitatif ne suffirait pas à rendre compte des avancées du secteur RSS.

Du rapport au Parlement,
une stabilité renforcée

Au commencement, il y avait un rapport. Intitulé Bien vieillir chez soi grâce aux résidences-seniors et réalisé avec le soutien de cinq groupes de résidences seniors (Domitys, Cogedim Club, Les Senioriales, Les Jardins d’Arcadie et La Girandière), ce manifeste, sorti en décembre 2014, a permis des avancées notables pour installer les RSS dans le paysage des formes d’habitat collectif pour personnes âgées. Au premier rang de ces avancées : la reconnaissance des RSS dans le droit. Cette inscription législative constituait d’ailleurs la première des sept pistes de réflexion du rapport, qui s’est concrétisée un an plus tard avec l’adoption de l’article 15 bis A de la loi ASV.

Si Frédéric Walther, membre du SYNERPA RSS a loué « la remarquable écoute des parlementaires » aux dernières Assises nationales des Ehpad, résidences autonomie et résidences services seniors, Joëlle Huillier, députée sous la précédente mandature et rapporteure de la loi ASV a rappelé que « les élus n’ont pas la science infuse ». Allusion à peine voilée au décret déterminant les catégories de services non individualisables qui, en réduisant le socle de ces services à peau de chagrin, nie la nature préventive des RSS. Laurent Guillet, membre du SNRA, pointe à ce titre une « méconnaissance des enjeux et des valeurs » de la part du Ministère du logement, en charge de l’arbitrage interministériel. Résultat, un copier-coller du décret sur les résidences services de 1re génération portant atteinte à l’esprit de mutualisation qui caractérise l’offre RSS de seconde génération.

Poursuivre l’« évangélisation »

Le SYNERPA RSS avait déposé un recours gracieux auprès de l’ancien Gouvernement, qui l’a rejeté. Malgré cette période de flottement, nul doute que les syndicats essayeront de renégocier avec le nouvel exécutif. Le dialogue s’annonce pourtant compliqué, pour la simple et bonne raison qu’il n’existe à ce jour ni Secrétariat d’État aux personnes âgées, ni Secrétariat d’État au logement. Une prise de contact de la part des pouvoirs publics s’avérerait pourtant judicieuse au vu des challenges à venir.

Si un premier pas a été franchi avec l’adoption d’une définition législative, il s’agit maintenant de faire reconnaître le rôle des RSS aux différents échelons du pouvoir administratif. Au niveau national, tout d’abord, pour poursuivre le travail amorcé avec la loi ASV et le décret SNI notamment. Au niveau des territoires, ensuite, pour sensibiliser les élus locaux aux externalités positives que peut entrainer l’implantation d’une RSS sur leur commune. On peut par ailleurs espérer qu’une telle communication puisse rendre les maires plus flexibles quant à l’application des plans locaux d’urbanisme. Les RSS sont en effet contraintes par exemple de disposer du même nombre de places de stationnement que n’importe quelle construction neuve. Une aberration quand on sait que ces résidences sont généralement implantées en plein centre-ville, pour faciliter justement la mobilité de ses locataires sans véhicule.

Sensibiliser les pouvoirs publics est une chose mais il faudra également informer le grand public. Trop de gens assimilent encore la résidence services seniors à l’Ehpad (selon le dernier sondage IFOP - SYNERPA sur le « Grand Âge et les enjeux du vieillissement », 32% des Français pensent par exemple que les RSS sont des résidences médicalisées). D’autres personnes âgées peuvent se retrouver perdues face à une offre d’hébergement, et notamment de résidences services, large et diversifiée. Le label, qui devrait être finalisé d’ici la fin de l’année, jouera à cet égard un rôle décisif en guidant les consommateurs. De quoi pallier l’absence de relais institutionnels ? Certainement pas. Comme nous le mentionnions dans notre dernière newsletter, la démocratisation passera par la nécessité de faire figurer les RSS dans tous les lieux d’information dédiés aux solutions qui s’offrent à une personne âgée ayant besoin de trouver un logement adapté (portail de la CNSA, CLIC, ViaTrajectoire, etc.).

Bénéficiant d’un environnement économique favorable, les RSS, dont le concept a été reconnu d’un point de vue législatif, semblent cocher toutes les cases pour devenir le « navire amiral » des logements intermédiaires pour personnes âgées. Ne manque plus qu’une impulsion de la part des pouvoirs publics. Le plus tôt sera le mieux. En avant, marche ?

1. « Le marché des résidences seniors (2016-2020) – Les opérateurs face aux défis de la diversification des ressources et des concepts », étude du cabinet Xerfi Precepta, septembre 2016

 

 
 
RSS et numérique : des résidents connectés
Face à la « digitalisation » des seniors, les exploitants de RSS ont bien évidemment déjà anticipé les besoins numériques de leurs résidents via l’équipement internet de leurs logements. Mieux, ils joignent l’utile à l’agréable en utilisant le digital à des fins préventives. Les RSS semblent donc bien avoir la fibre… sociale. Mais cet équipement est-il révélateur d’un accompagnement du tournant numérique ou répond-t-il simplement à une demande ?
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Des seniors digital friendly

Stop aux idées reçues ! Internet et Grand Âge font maintenant bon ménage. C’est ce que révèle le baromètre 55+ que Cogedim Club a réalisé en 2016 avec l’institut TNS Kantar Sofres sur la thématique des seniors et du digital. Sept personnes âgées sur dix possèdent au moins un appareil connecté, qu’il s’agisse d’un smartphone, d’un ordinateur ou d’une tablette. D’après ce sondage, elles utilisent internet principalement pour trois usages : communiquer, s’informer sur l’actualité et se renseigner sur les produits et services. Au final, les seniors sont donc des geeks comme les autres ! Frédéric Walther, directeur général de Domitys, note à cet égard un changement très rapide : « depuis 5 ans, si on ouvre une résidence sans internet haut débit, nous nous faisons prendre à partie ».

Peut-on pour autant envisager la disparition de la fracture numérique générationnelle ? Pas tout à fait. Car si l’utilisation d’internet irradie désormais toutes les générations de seniors, l’intensité décroit au fur et à mesure de l’avancée en âge. Ainsi, 84% des 55-60 ans surfent sur le web tandis que ce chiffre tombe à 27% pour les plus de 75 ans. Un constat que partage Domitys : « nous sommes dans une phase de transition dans laquelle certains résidents ont besoin d’être accompagnés (ex. cours d’informatique dans l’espace multimédia de la résidence) tandis que d’autres sont hyper-connectés ».

Des animations 2.0

Concernant l’impact du digital sur l’état d’esprit des seniors, l’enquête met en avant une information pour le moins étonnante : internet agirait comme un élixir de jouvence. Les « silver surfers » seraient en effet davantage satisfaits de leurs propre vie du fait de leur intégration à la transformation digitale de la société. Soucieux de favoriser le bien-être de leurs résidents, les groupes ont donc intégré le numérique à leur offre d’animation.

Je surfe donc je suis. Cette adaptation de la fameuse citation de Descartes est un bon exemple de ce que Domitys propose en termes d’animation culturelle. Car la culture, d’après des études effectuées à l’Université du Missouri, maintiendrait une certaine stimulation cognitive permettant de rester en prise avec le monde réel. C’est dans cette optique que le groupe propose à ses résidents des rendez-vous interactifs en partenariat avec l’Université Virtuelle du Temps Disponible (UVTD). Cette association propose de suivre à distance des conférences autour de thèmes historiques variés. Un bon moyen de (re)devenir un-e jeune étudiant-e en histoire à plus de 65 ans… pour jouer les « Oldiana Jones ».

Dans un registre moins studieux mais tout aussi ludique, Les Senioriales ont développé Félicie, une application interne à destination des résidents. « Il s’agit d’une plateforme de communication digitale qui centralise tout ce que les seniors peuvent trouver aux Senioriales : les services proposés, les programmes d’animation et toutes les informations attenantes à la vie en résidence ». Accusé de favoriser l’isolement et le repli sur soi, internet semble produire l’effet inverse chez les personnes âgées. Il leur permet finalement de se sentir… moins seniors !

 
 
 
 

 
 
  8 septembre  
   

 
 
 

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